Quand Patrick Collet s’est lancé en affaires avec l’un de ses partenaires actuels, c’était pour ouvrir l’atelier de motocyclettes Speedbird Motorcycles. Les deux hommes se passionnaient pour les engins de type café racer et la technologie ; ils ajoutaient donc des composantes très modernes à de vieilles motos remises à neuf. C’est en réfléchissant à l’équation téléphone intelligent + déplacements routiers qu’ils en sont venus à penser à la quantité de données impressionnante que produisent les motocyclistes, les automobilistes et même les cyclistes.
Neuf ans plus tard, leur quotidien n’a plus rien à voir avec ce qu’il était : avec deux autres associés, ils ont fondé leur compagnie A-Malgam et ils travaillent aujourd’hui à la création d’une plateforme révolutionnaire appelée MOOVIN. C’est avec l’appui de Jalon et avec la collaboration de chercheurs de l’Université Laval qu’A-Malgam créera un nouvel algorithme améliorant la confidentialité des données qui seront capturées dans les véhicules. Ce projet s’inscrit dans le cadre du « Programme d’expérimentations riches en données liées à la mobilité ».
Un concept inédit à expérimenter
En 2020, les données sont au cœur de bien des enjeux et font l’objet d’une grande convoitise. « Ce qu’on remarque toutefois, souligne Patrick, c’est que le vent tourne en ce qui concerne la confidentialité : alors que depuis près de 30 ans, les compagnies se cassaient la tête pour tout savoir du profil des utilisateurs générant les données, aujourd’hui, on commence à aller dans le sens inverse. » Ce désir de confidentialité radical est né d’une inquiétude grandissante de la population, notamment en Occident, concernant les données personnelles et l’utilisation qui peut en être faite bien au-delà de notre consentement lorsqu’elles tombent entre de mauvaises mains.
C’est précisément cet anonymat de l’utilisateur générant la donnée qui sera testé par A-Malgam et les chercheurs de l’Université Laval dans le cadre du projet d’expérimentation encadré par Jalon. L’algorithme de MOOVIN sera mis à l’épreuve par des volontaires, qui seront les premiers à se servir de l’appli pour générer des données et réaliser cette expérimentation initiale. Le but? Qu’on ne puisse jamais retracer leur identité.
À plus long terme, Patrick et ses associés veulent aussi créer un système rendant démocratique et peu coûteux l’accès à ces données de déplacement de véhicules. Le fonctionnement est le suivant : en dotant leur véhicule d’un petit instrument de prise de données, le « cockpit », les utilisateurs de MOOVIN génèrent des données sur la plateforme en permettant à l’appareil d’enregistrer leurs déplacements, mais aussi les bruits ambiants, les vibrations, l’accélération et le freinage, etc. En échange de leur participation, les usagers reçoivent des jetons, qu’ils accumulent au fil de leurs déplacements. Les compagnies, les gouvernements ou les villes qui voudront avoir accès aux données devront faire des offres aux utilisateurs pour accéder aux informations qu’ils auront produites. Tous ont donc quelque chose à gagner dans ce système qui se sert de la ludification pour encourager la participation.
Des données essentielles aux projets d’envergure
En ce qui concerne la mobilité durable, MOOVIN tire sa pertinence du fait que pour justifier des projets de grande envergure, on ne peut plus se permettre d’y aller au pif. Les villes et les gouvernements ont souvent beaucoup de mal à légitimer de grands projets d’infrastructures ou des programmes en écomobilité, ne sachant pas si les résultats seront à la hauteur des dépenses. Mais il est désormais tout à fait possible de produire des données précises et concrètes qui répondent aux questionnements et justifient de manière incontestable des projets de mobilité durable… ou, à l’inverse, exposent l’inadéquation de projets qui ne seraient finalement pas très utiles.
Patrick et ses associées savent que pour offrir des informations pertinentes, il leur faut une densité de données. Leur projet sera donc poussé au Québec initialement, et ils espèrent avoir à moyen terme une bonne concentration de données à travers l’ensemble de la province. Mais l’expansion pourrait se faire très rapidement. En effet, la plateforme sera autonome, aura sa propre gouvernance et ne connaîtra pas de limites : on pourrait se mettre à l’utiliser aux États-Unis et hop, de nouvelles banques de données verront bientôt le jour. C’est simple comme bonjour. Ou presque !
A-Malgam fait partie des entreprises participant au « Programme d’expérimentations riches en données liées à la mobilité ». Ce programme, soutenu par le MEI, facilite la réalisation de projets d’expérimentations visant à tester de nouveaux produits ou services en lien avec la mobilité. Ces projets doivent utiliser les données de la plateforme développée par Jalon de façon innovante ou bien l’alimenter en nouvelles données. Pour plus de renseignements, contactez-nous.