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Notre relation à l’auto : mieux comprendre les utilisateurs pour offrir des stratégies adaptées

Repenser la mobilité urbaine de demain commence par repenser la relation que nous avons face à l’autosolo, particulièrement en milieu urbain dense. Plusieurs raisons, qu’elles soient économiques, environnementales ou en lien avec l’aménagement du territoire, peuvent être invoquées pour faire avancer cette réflexion. 

 

En premier lieu, l’usage de l’autosolo entraîne énormément de congestion routière, qui a des impacts à la fois économiques (retards de livraison de marchandises, perte de productivité, entretien du réseau routier, etc.) et environnementaux, le transport étant responsable de près de 41 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec. 

 

De plus, la place que nous réservons à l’usage d’un bien privé sur l’espace public (stationnement, routes, etc.) nous prive d’investissements et d’aménagements qui pourraient desservir un plus grand nombre. Qui plus est, nos voitures sont stationnées plus de 96 % du temps et elles perdent près de 60 % de leur valeur dans les cinq premières années d’achat. L’usage privatif de la voiture a donc des conséquences financières non pas uniquement sur notre portefeuille, mais pour l’ensemble de la société.

 

À la lumière de ces statistiques et problématiques, il devient impératif d’optimiser l’utilisation des voitures, ce qui passera inévitablement par des changements de comportement à la possession et l’utilisation.

 

Mieux comprendre les gens pour mieux intervenir sur les usages

Jalon, entre autres par l’entremise du Chantier autosolo, s’intéresse aux questions liées à notre perception de l’automobile privative, particulièrement aux freins psychologiques et sociologiques (plutôt que structuraux) qui font en sorte qu’elle occupe une place prépondérante (plus de 66 %) dans la part modale des déplacements quotidiens.

 

Car aujourd’hui plus que jamais, nos habitudes et perceptions font en sorte que la migration vers des comportements de mobilité plus durables, comme l’usage des transports actifs, collectifs et partagés, ne soit pas les options les plus socialement désirables et envisageables.

 

À cet égard, nous travaillons à mieux comprendre, dans le cadre du Chantier, mais aussi sur d’autres projets, la relation à la voiture à travers différents personas. Bien segmenter ces différentes réalités qui relient les citoyens à la voiture permet de mieux comprendre les enjeux à résoudre et les solutions à rechercher. Pour le moment, Jalon propose de segmenter quatre types de relations à la voiture : 

  • J’ai une auto et je ne peux pas (ou ne veux pas) m’en défaire
  • J’ai une auto et j’aimerais peut-être m’en défaire
  • Je n’ai pas d’auto et j’aimerais peut-être m’en procurer une
  • Je n’ai pas d’auto et je n’en veux pas

Nous vous proposons de les regarder d’un peu plus près. 

 

1 – J’ai une auto et je ne peux (ou ne veux ) pas m’en défaire 

Public le plus réfractaire au changement, son argumentaire touche particulièrement les points suivants : 

  • Les horaires des transports collectifs ou partagés ne me conviennent pas ou ne sont pas assez fréquents, les correspondances entre modes sont trop complexes ou inadéquates
  • Je ne comprends pas l’offre du transport collectif, les tarifs sont compliqués
  • J’ai besoin de ma voiture pour le travail
  • Il m’arrive souvent de vivre des imprévus et j’ai besoin de ma voiture pour  y remédier
  • Je dois aller porter les enfants à l’école ou à la garderie en chemin vers le travail
  • Nous ne pouvons pas habiter plus près du centre-ville
  • Ma voiture m’amène un sentiment de confort, de prestige, etc.

 

2 – J’ai une auto et j’aimerais peut-être m’en défaire

Ce public a déjà amorcé une réflexion pour diminuer ou même arrêter l’usage de la voiture solo. Il a toutefois besoin d’arguments supplémentaires et d’accompagnement sur les options alternatives pour valider et favoriser son choix. C’est pourquoi nous devons prioriser son accompagnement et surtout, montrer des exemples positifs et concrets de transition vers une mobilité plus durable, et ce, pour tous les types de situations au quotidien. Voici les principaux arguments de ce type de persona :

  • Nous vivons en milieu urbain dense et utilisons l’auto rarement
  • Nous conservons notre auto pour des besoins sporadiques : les situations d’urgence, les gros achats, les rénovations, ce qui est finalement peu fréquent.
  • Les nouveaux services en mobilité active (vélo partage, trottinettes), mais aussi l’autopartage, et les transports en commun, complètent déjà nos besoins de déplacement
  • Le co-voiturage est offert au travail

 

3 – Je n’ai pas d’auto et j’aimerais peut-être m’en procurer une 

Les périodes de transition de vie (arrivée d’un enfant, déménagement, nouveau travail) sont propices à cette période de questionnement. Là encore, nous devons fournir accompagnement et réflexion afin de comparer l’ensemble des options valables ou disponibles pour la mobilité, incluant les externalités négatives liées à chaque choix, afin que les gens puissent faire un choix éclairé.

 

Les principaux arguments évoqués par les personnes correspondant à ce persona sont les suivants : 

  • Notre situation familiale change et les services en mobilité ne répondent plus à nos besoins
  • Nous souhaitons aller à la campagne le week-end
  • Le prix des voitures à la semaine est vraiment bas, et les taux d’intérêt le permettent
  • Il est facile de stationner devant la maison
  • Je suis étudiante et suis tentée par ce symbole de liberté
  • Je viens de commencer un nouveau travail 
  • Je songe à déménager ou j’ai déménagé dans un nouveau quartier, une nouvelle ville
  • Nous arrivons au Québec

4 – Je n’ai pas d’auto et je n’en veux pas

Nous pouvons nous inspirer de ce profil pour bâtir des plans d’action et d’accompagnement qui pourront soutenir d’autres citoyens qui souhaitent migrer vers des options de mobilité plus douces ou durables. Les principaux arguments de ce public sont les suivants : 

 

  • Nous habitons un endroit bien desservi par les services en mobilité et les distances que nous avons à parcourir quotidiennement sont généralement de 10 km et moins.
  • Nous sommes déjà adeptes de mobilité active (marche, vélo) et nos temps de déplacement sont bien intégrés dans nos modes de vie.
  • Nous sommes de fidèles adeptes du cocktail transport et possédons des abonnements à différents services de mobilité (co-voiturage, automobile partagée, vélos en libre-service, etc.)
  • Nous louons simplement une voiture au besoin

 

Des réflexions pour l’avenir

En plus de s’intéresser à mieux comprendre la psychologie, les perceptions et les comportements de mobilité de la population, Jalon s’intéresse aussi à des solutions technologiques, comme les navettes autonomes mutualisées, ou des solutions combinant immobilier et mobilité, afin de repenser la mobilité de demain. Nous sommes aussi intéressés à tester la notion du changement et explorer des pistes pour encourager le changement de comportements par l’entremise de l’industrie du jeu vidéo et du divertissement. Restez à l’affût des prochains développements concernant l’ensemble de ces projets.  
 
 

Publié le 19 décembre 2019

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