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Navette autonome au marché Maisonneuve : constats sur l’expérience à bord

De la fin juin au début août 2019, une navette autonome a fait son apparition dans les rues d’Hochelaga-Maisonneuve, une première à Montréal sur les voies publiques. Dans le cadre de ce projet pilote mené par le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal (LIUM), Jalon a eu le mandat d’évaluer la perception du public face à ce nouveau mode de transport collectif. 

En collaboration avec la firme Ergoweb, Jalon a donc effectué un sondage auprès de 151 personnes, du 11 au 31 juillet 2019, afin de comprendre quelle était l’expérience vécue par les utilisateurs à bord de la navette autonome.

Au-delà du moyen de transport, la sécurité

Plus qu’un simple moyen de transport collectif, la navette autonome bouleverse notre perception du transport et pose certaines questions quant à son acception par les usagers. Sont-ils à l’aise avec le fait que la navette prenne des décisions toute seule ? Se sentent-ils en sécurité en tant que passagers de la navette ?

Le sondage a permis de tirer quelques constats à ce sujet : 

  • Les utilisateurs acquièrent très rapidement une grande confiance en la technologie.
  • Ce qui leur fait le plus peur, c’est le comportement des autres utilisateurs, qui peuvent provoquer un arrêt brusque de la navette. Les enjeux de cohabitation, de civisme et du respect des règles à bord et autour de la navette ont été évoqués.
  • Le besoin d’éducation de tous les usagers de la route est un point qui ressort fortement de cette étude. Les usagers ont eux aussi ressenti le besoin de savoir et comprendre comment se comporter aux abords de la navette, non seulement comme utilisateur, mais aussi en tant que piéton, conducteur, cycliste, etc.

 

Quelle valeur ajoutée pour la navette autonome?

Au-delà de l’effet attractif de la nouveauté et du projet pilote, il faudra également s’assurer que les navettes apportent une véritable valeur ajoutée aux besoins de mobilité, et ce en complémentarité de l’offre actuelle des tranports en commun. 

Deux aspects semblent ressortir davantage :

  • La place de la navette comme agent de mobilité locale
  • La navette comme outil pour diminuer la part modale de déplacements en auto-solo

 

En effet, il a été constaté que l’usage actuel des navettes comme agent de mobilité de quartier (sur de courtes distances, en contexte local, avec un usage précis) remplace davantage certains modes de déplacement plus actifs (vélo, marche), voire les déplacements en transports collectifs. 

 

Toutefois, un usage de la navette sur des distances légèrement plus longues pourrait représenter une option intéressante pour se substituer à l’usage de l’auto-solo. À cet effet, l’enquête Origine-Destination de 2013 nous indiquait déjà que près de 50 % des déplacements de moins d’un kilomètre étaient toujours effectuées en voiture. Il existe donc là une opportunité à étudier.

 

Mieux comprendre les motivations des usagers de voiture, mais aussi les irritants actuels qu’ils perçoivent face aux transports collectifs, pourrait représenter une occasion plus qu’intéressante afin de bonifier l’offre de service des navettes autonomes, mais également les positionner comme outil pour amener un changement de part modale vers des options plus durables.

 

En parallèle, d’autres facteurs différenciateurs pourraient être étudiés pour bonifier ou différencier l’offre de service, par exemple mettre de l’avant le design, l’aménagement intérieur, la petite taille et la flexibilité de service. Dans le cadre d’un programme de mobilité de quartier, ces avantages pourraient représenter un atout intéressant pour les clientèles moins mobiles, dont les personnes à mobilité réduite.

 

Prochaines étapes

Après deux années de tests in situ (en 2018 au Stade olympique et en 2019 dans les rues d’Hochelaga-Maisonneuve), la prochaine étape sera de tester et simuler l’absence d’un opérateur dans la navette.  Comment les utilisateurs appréhenderont un mode de transport collectif sans autorité régulatrice à bord ? Un contrôleur à distance serait-il suffisant pour des demandes d’information ou des situations d’urgence, ou pour assurer le sentiment de sécurité? Plus de 75 % des répondants au sondage mentionnent que oui, mais il faudrait quand même tester le tout en contexte réel afin d’avoir un portrait plus véridique.

Toutefois, il reste beaucoup d’étapes à franchir avant d’en arriver là. Actuellement, pour des raisons légales et sécuritaires, il est obligatoire d’avoir un opérateur à bord de la navette. On pourrait toutefois envisager de minimiser son rôle à la simple opération de la navette, là où aujourd’hui, il intervient de manière beaucoup plus proactive, englobant de nombreuses tâches de service, dont du renseignement ou de l’aide à monter à bord.

Équipe Jalon